Collages & poésie
J’ai réalisé les créations ci-dessous pour illustrer des poèmes qui m’ont été envoyés par différents auteurs ; parfois ce sont aussi ces auteurs qui ont illustré spontanément mes créations. Un dialogue entre les images et les mots.
Mar adentro
De ojos fuertes
mar adentro
como para caerse allí por
siempre
Enero
rojas flotan
las cejas
párpados-jaguar
atravesando llega
de vestido celta
la magia en ella. »
Julio
© Claire Lacoste 2020
Las entrañas
En las entrañas
perla abierta
somos alma
somos granos de arena
sobre nuestras espaldas
en el aire
en la cubierta
entre la grietas
del pasado
nunca soltarás
las riendas.
Julio

Je cherchais le pilier de la certitude,
J’ai trouvé des compagnons dans l’incertitude.
Toofat

Les fêlures du passé
Mon ami.e
Des fois, j’ai peur, effrayée d’abimer
Il y a tellement de sortes d’Amour, de félicités
Je reçois de vous tant de mots d’amour,
je suis ravie, allègre, mais à l’opposé je cours
J’ai peur de trop aimer
Et au passage vous casser,
j’ai peur de trop me confesser
Et ainsi vous effrayer
J’ai peur de tous ces cris vibrant dans mon esprit
j’ai peur, je le confesse que vous voyez ma détresse
Mes blessures enfouies
Tant de choses que je pensais évanouies,
elles reviennent des fois avec fracas
Me martelant « prends garde à toi »
J’ai peur que sur mes larmes
Vous déposiez les armes
En voyant cette montagne
Vous retournant pour éviter le bagne
Cela fait longtemps que ces mots, je n’avais prononcé
quand à nue devant vous je me suis confiée
Faisant remonter ces craintes que j’avais cru perdues
Rendant ma tâche encore plus ardue
Comment supporter que je perde une fois encore ?
C’est comme si j’encaissais des coups
toujours plus forts.
Ma mémoire me fait si mal et mon cœur se froisse,
je me sens au plus mal
je doute, j’ai peur, j’angoisse.
Parfois je suis rassurée
par de belles preuves d’amour,
mais moi, si étrange,
les preuves manquent toujours.
Le passé est passé, n’a plus d’importance
mais cœur trop de fois amoché craint la souffrance
Craint que sa souffrance en abîme un autre
Un cœur pur aux contours si fleurés
Un cœur tendre et doux
Je veux empoigner ce cœur,
sensation étrange j’ai peur si peur,
tout ce mélange
Peur d’abimer son propriétaire.
C’est comme un tout et son contraire.
Je ne suis pas cœur, fixe, sédentaire ou stable
Vous faire du mal, cette pensée m’est insupportable
j’ai peur que loin de moi s’égarent vos émois
J’ai peur que de mes peurs on se lasse
Et que l’on entrevoit mes craintes, qu’on s’agace
J’ai peur qu’aucun soleil n’innonde plus mon ciel
Votre amitié me rend douce, suave et belle
Dans vos bras mon ami.e je suis si sereine
Je me bats contre de vieux démons
je surmonte mes peines
J’ai franchi ce pont
Je me suis retrouvée, je me sens nouvelle
Même si parfois les fêlures du passé me rappelle.
Kelaÿ

La ley del desco
Rien ne peut ici-bas
toucher plus fort mon cœur
Que mon âme dans tes bras
Que des frissons dans ta voix
Que ton cœur qui bat en moi
Suis-je un ange diabolique ?
Qui s’y frotte s’y pique.
Veux-tu bien t’y frotter ?
Jusqu’à en être immunisé.
J’ai aimé ton corps inaccessible contre le mien
J’ai aimé ce désir au fond de moi
Cette pensée que tu avais envie de moi
Cette sensation intime que l’on retient
Une guerrière pacifique
Une vraie bombe anatomique
Qui veut bien être irradié ?
Par la chaleur de mon corps dénudé.
Kelaÿ

Bleu Claire
Contempler cette essence, senteur azur
Renoncer à fuir cette enveloppe affectueuse
Position fixe, tête cambrée, arborant fière allure
Paupières fermées, couleur doucereuse
Admirer la plaine du ciel ce bleu caresse
Laisser courir notre regard sur l’immensité
Il est profond et donne des ailes à la pensée
On peut y voir défiler toute sa vie, ses faiblesses
Il inspire en tout temps un piège, un éden, un soleil
Des éclairs de jeunesse, de l’amour sincère, des promesses
Réconforte, apaise, plus rien n’est pareil
Console le cœur, abaisse les forteresses
Bleu Claire qui écoute et espère
Des lendemains aux aquarelles qui s’éclairent
Au crépuscule s’éveille des âmes légères
Au revoir illusions, adieu les chimères.
Kelaÿ

Clair/voir
Viens dans mes bras.
Viens et écoute moi.
Ce que tu attends ne viendra pas.
Pas de ceux que tu crois.
Ça ne viendra que de la source,
D’où toutes les sources sont nées.
Si tu oses te détacher du besoin de l’autre,
À tous tes besoins la source pourvoira.
Alors lâche.
Lâcher ce n’est pas trahir.
C’est simplement voir.
Voirclair.
Clairevoir.
Toofat

Polarité bipolaires
Seule, dans la rue bondée
Je crie, d’une force inspirée
Le noir me fait peur
L’espoir à quelques longueurs
Je cherche, dans mes pas
La force d’être moi
Je suis si seule, perdue
Je tombe, cette pente est ardue
Dans un tunnel sans fond
Je me sens peu à peu sombrer
La vie m’attire, je fonds
Comme neige au soleil exposée
Je me lève, je me rassois
Si lourd est ce poids
Je me relève encore une fois
Quand j’aperçois au loin ma joie
Si petite, pourtant, si fragile
Je hurle ma peine, mon mal
Je crie, et reste immobile
Aujourd’hui, tout m’est égal
Je hurle sans un son
Je suis fatiguée je m’accroche
Marchant pas à pas, espérant traverser ce pont
Au loin j’entends sonner les cloches
Je parle mais je ne m’entends pas
Je me regarde mais ne me vois pas
Quelle est cette silhouette que j’aperçois des fois
Serait-ce moi, il y a quelques années déjà ?
Qui donc entend mes pleurs ?
Qui donc y voit ma peur ?
Mes sanglots étouffés se perdent
Dans les bruits du monde moderne
Tout ce vacarme ce bruit assourdissant
Autour de moi un brouillard électrique
Des regards, des murmures, personne ne me comprend
Des fois emportée dans un tourbillon excentrique
Dans ma bulle de silence, je sèche mes larmes
Je repars, encore une fois, je reprends les armes
Mon courage évaporé, ma force non assurée
Je les retiens, encore une fois, depuis tant d’années
Je dois rester forte, pour eux, pour moi, pour tous
Je pense avant tout à rester debout
Dans ce tourbillon qui m’emmène
Cette spirale qui me draine.
Kelaÿ

Sous ses paupières
Que je me sens petite, quand ses yeux croisent les miens,
Je rentre dans mes plumes, quand son regard me tends la main
voguant sur la lune n’espérant pas que vienne demain
Noyée avant d’avoir plongé, ses lacs sont d’une pureté
Je parle de couleur, d’un bleu déshabillant, mais que j’ai chaud au cœur, quand sur l’horizon azuré, je découvre un immense océan gris bleuté.
Ses yeux sont roses rares comme la fleur que je vais créer,
Dessinant encadrant ses pierres opales,
Étirés en ailes de papillon, j ‘ai envie de les lui prendre, et à sa place les porter.
Prunelles noires obscures, iris fleuri ou
Lapis-lazuli ?
Pierres d’un bleu clair parsemées de paillettes dorées,
enjolivées d’une crinière or sablée.
Difficile de se détacher de ce regard cuivré.
À l’heure où les astres apparaissent et le soleil se couche au lointain
Son regard illumine l’horizon jusqu’au matin
Et quand vient l’aurore et que les paupières quittent le sommeil Chanceux est celui qui à ses côtés s’éveille.
Kelaÿ

Là-haut
Comment sourire un peu, pour le bonheur de chacun
Alors que, de mes yeux, j’essaie de retenir mes larmes en vain
Cherchant un coin bleu dans un ciel où il pleut
Quand la tristesse essaie de se frayer un chemin
Elle est à cette heure irrésistible, il est si tentant de la laisser m’emporter
Ton déclin est déchirant, difficile à porter
Quand je te vois, s’éveille en moi cette envie de pleure
Elle coule, emportant avec elle mon allégresse
Obligeant mon cœur à se souvenir de tous ces non-dits du passé
De nos instants, de toutes nos maladresses
Faisant renaître à petit feu, ma tristesse
Nous allons bientôt devoir nous quitter
J’aurais voulu que l’on se dise ces choses
Toutes ces choses, ces instants que nous n’avons pu partager
Je tente de me préparer, je dois rester forte
Car sur mes épaules, je n’ai pas que ma peine à porter
Mais un jour viendra où nous pourrons enfin parler
Un jour viendra ou nous pourrons finalement partager
Car je tatouerai ton cœur sur mon cœur
Mon âme gardera le souvenir de tes jours de bonheurs
Je t’accompagnerai au début de ce prochain voyage
Je t’escorterai vers cette nouvelle existence, m’armant de tout mon courage
Et quand tu seras prêt
Et que ta main lâchera la mienne
J’apercevrai ton sourire là-haut dans le ciel
Kelaÿ

Ballet d’émotions
Juin 2020, le diagnostique tombe. Maladie rare incurable. Elle en a pour 6 mois.
« Claire, maintenant Il va falloir te préparer » Je n’oublierai jamais ces mots.
Mais peut-on seulement se préparer à perdre sa mère ?
À la voir se transformer en une étrangère pour laquelle on devient une étrangère ?
J’ai réalisé ce collage en novembre 2020 et écrit ce poème en janvier 2021.
S’adapter sans cesse face à une évolution incontrôlable,
Essayer de trouver des solutions, être dans l’action,
Vivre au jour le jour, ne pas trop anticiper,
Tenir coûte que coûte cette course contre la montre,
Plonger à l’aveugle dans une bataille perdue d’avance,
« Profiter » de chaque moment comme si c’était le dernier,
Encaisser encore, rester forte toujours,
Chercher dans ton regard une lueur d’espoir,
S’exposer quitte à souffrir pour ne jamais rien regretter.
…
Ainsi ai-je vécu ces neuf derniers mois à tes côtés.
Aujourd’hui tu n’es plus là mais l’espace de ton absence est rempli.
Ton souvenir me revient à chaque instant, de jour, de nuit,
conscient et inconscient se relayant sans répit.
Depuis que tu es partie, le chronomètre fou s’est arrêté.
Me voilà dans une bulle enfermée, corps et esprit dissociés,
La tête voudrait avancer mais le reste refuse de coopérer.
Un pilier s’est effondré. L’autre demeure fragilisé.
Dans le vide je dois (re)construire bien que vidée,
Désormais désinvestie de ma mission, désemparée.
Vidée après avoir tout donné.
J’ai cru pouvoir, déjà, reprendre ma vie, mes activités,
Mettre de côté l’intensité de l’année passée,
quand me voilà soudain rattrapée par un ballet d’émotions libérées,
Tourbillon puissant, inéluctable, contre lequel je ne peux lutter.
Coeur saignant, plaie ouverte,
Encore à vif il me faut néanmoins reprendre la marche du temps,
me laisser porter par le courant d’un torrent de larmes brûlantes,
Qui n’éteint pas, à l’intérieur, de belles flammes dansantes.
« Il faudra du temps »
Mais le temps suffira t-il
pour cicatriser telle blessure ?
L’amour peut être…
Claire

Le saut vers la conscience
Le monde ne sera jamais à cent pour cent à ma façon
je cultive et bâtis donc mon jardin, dessine mon propre horizon
Mes barrières se dressent devant moi, me poursuivent
Les contraintes extérieures veulent que je me contente de survivre
Mais moi je veux vivre
Je ne veux pas être spectatrice de ma vie
j’influence moi-même mes envies
Je cultive mon potentiel
Je tends les bras vers mon essentiel
J’avance en conscience
J’ai pris en charge cet instrument qu’est mon existence
Mon amour est grand et j’ouvre toutes mes portes
Je ne souffre plus car mon cœur est mon guide, et m’escorte
Mais parfois je pleure quand je sens la peine d’un cœur
Je pleure quand je ressens toutes ces douleurs
Nous souffrons du futur qui n’est même pas là
Nous souffrons du passé qui est bien loin déjà
Nous renonçons à notre présent qui est le seul certain
Le présent est le seul temps que nous vivons,
mais nous ne pensons qu’à demain
Mon corps et mon âme s’entrelacent
La société veut que je les espace, confère même des menaces
Mon corps devient confus lorsque ce monde m’accable de messages contraires
M’embrume, m’empêche d’avoir les idées claires
J’écoute mon corps et respecte sa mémoire, il est mon trésor
Ce monde est d’un tel confort, Il n’est plus sociable, car tellement fort
Écrase sur son passage tout ce qui est lumière, laisse une ombre
Oublie le vivant, adore le béton, tout en creusant sa tombe
Je ne suis pas pressée, profite du temps qui m’est donné
Ma seule vitalité n’est pas juste de sentir battre mon cœur, mais de me sentir exister
Mon regard n’est jamais tourné vers la liberté
Mais fixé sur les cordes qui tenteraient de m’en priver
Mes malheurs et mes joies seront mes choix
J’ai laissé tomber mon masque, jeté ma croix
Déposé au bord du chemin mes doutes
Aujourd’hui je trace dans l’inconnu de nouvelles routes.
Kelaÿ